Almir Narayamoga Suruí : le chef indien qui met sa vie en péril pour sauver la forêt

 

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Almir Narayamoga Suruí : le chef indien qui met sa vie en péril pour sauver la forêt

Une légende amérindienne raconte qu’un tout petit colibri a cherché à éteindre seul un immense incendie de forêt. Pour ce faire, l’oiseau a fait des va-et-vient pour porter quelques gouttes d’eau dans son bec. Tout comme ce colibri, Almir Narayamoga Suruí, chef des Suruí veut apporter sa contribution pour sauver la forêt. L’homme n’hésite donc pas à entreprendre des projets ambitieux pour freiner la déforestation, même au prix de sa vie …

Les Suruí

Peuple de 1 400 âmes, les Suruí vivent aujourd’hui dans l’État brésilien du Rondônia, dans un territoire très reculé. Le peuple a à sa tête Almir Norayamoga Suruí qui a été élu chef de clan des Gameb à ses 17 ans, puis chef du peuple tout entier à ses 26 ans.
Il est le seul, de tout son peuple, à avoir obtenu un diplôme universitaire en biologie et c’est grâce à son charisme et à ses études qu’il compte remporter la bataille contre ceux qui souhaitent exploiter au maximum l’Amazonie, sa « Terre-Mère ». Une bataille qui ne s’annonce pas facile surtout que depuis le début de sa lutte, sa tête a été mise à prix à trois reprises. Face à cette insécurité, Almir Narayamoga a plusieurs fois été obligé de se déplacer sous escorte policière.

Son livre « Sauver la planète »

Dans cet ouvrage intitulé « Sauver la planète » qu’il a rédigé avec l’écrivaine Corine Sombrun, Almir Narayamoga rédige une lettre ouverte qu’il dédie à ses cinq enfants au cas où il lui arriverait malheur. Dans ce récit, il évoque sa vie de tous les jours, son parcours personnel, l’histoire de son peuple et les initiatives qu’il a pris pour tirer profit de la forêt sans la dégrader.

Une réalité qui justifie son combat

Seul face à ses persécuteurs et aux anti-écologistes, Almir Narayamoga raconte la triste réalité que subit la forêt amazonienne depuis un demi-siècle déjà. Au cours de ce demi-siècle, l’Amazonie, considérée comme le poumon vert de la planète, a perdu le cinquième de sa superficie sous la pression de l’agriculture, de l’élevage et de la production de bois intensifs. Une perte considérable qui a entraîné une augmentation de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sur tout le territoire amazonien, l’État de Rondônia, au nord-ouest du Brésil, est le plus touché avec une perte de 40 % de sa forêt primaire.
En 1969, face à ce défrichement en masse, les « Paiter Suruí » ont été contraints de sortir de leur isolement et d’entrer en contact avec les « iaraei », les Blancs qui exploitent les forêts, les colons et les prospecteurs. Au début de leur lutte, la population autochtone se chiffrait à environ 5 000 pour finir à 240 individus à cause des affrontements et des épidémies. Pour ne pas avoir plus de perte, des échanges ont été ouverts ce qui a obligé la population autochtone a adopté un nouveau mode de vie, plus moderne.

Mélanger la tradition au high-tech

Pour sauver un maximum de forêt, Almir Narayamoga Suruí commence par faire renouer son peuple à leurs traditions abandonnées. Il leur réapprend les peintures rituelles sur le corps, le portugais, le tupi-mondé (la langue locale) et met en place un programme sanitaire pour réduire le taux de mortalité. Il a ensuite décidé d’intégrer le high-tech aux traditions. Pour ce faire, il a planté 100 000 arbres et pour traquer les abattages clandestins, il a intégré dans ces arbres des GPS fournis par Google. Il faut savoir que malgré son traditionnel cocar (coiffe), le chef indien est un homme cultivé. D’ailleurs, il manie aussi bien l’arc que l’iPhone, les réseaux sociaux ou tout simplement l’internet.

Un projet de compensation carbone

En 2012, le chef Almir Narayamoga Suruí a lancé un projet de compensation carbone que deux organismes internationaux ont validé. Ce projet consiste à vendre des crédits carbones aux entreprises pour leur permettre de compenser les émissions de CO2. Ce projet a permis au peuple Suruí d’éviter, entre 2009 et 2012, l’équivalent de 250 000 tonnes d’émissions de carbone et ce, même si la déforestation reste jusqu’ici incontrôlable.

Un développement basé sur la sagesse des peuples de la forêt

Plus vaste encore que la protection de l’Amazonie, l’opus propose la mise en place d’un développement planétaire basé sur la sagesse des peuples de la forêt. De leur sagesse devrait alors être instauré un nouveau modèle de vie et de démocratie. En attendant que ce projet se réalise, la prochaine conférence climat de Paris devrait trouver un accord concernant la limitation du réchauffement de la planète à 2°C jusqu’à la fin de ce siècle. Quant aux moyens de concilier écologie et économie, les recherches sont toujours en cours.

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