Fazendas : véritable patrimoine historique du Brésil

 

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Fazendas : véritable patrimoine historique du Brésil
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Hier encore, « fazenda » se référait au café et à l’esclavage au Brésil alors qu’aujourd’hui, ces grandes exploitations font partie du patrimoine du pays. Un nouveau concept a même été mis en place : la route du café. Ce circuit vous permet de partir à la découverte de ces immenses propriétés tantôt toujours ancrées sur l’agriculture tantôt alliant agriculture et hébergement touristique.

Les fazendas, des propriétés chargées d’histoire

Vers les débuts de la colonisation portugaise au Brésil, le roi du Portugal a instauré une hiérarchisation pour pouvoir occuper tout le pays. Il a ainsi mis en place des capitaineries qui se définissent par de vastes territoires. A la tête de chaque capitainerie se trouve un « donataire » que l’on peut aujourd’hui considérer comme un gouverneur local.

Chaque donataire avait une mission précise : développer les territoires qui leur été confiés pour le compte du royaume. Pour ce faire, chacun d’eux se sont mis à céder des « sesmaria » à des colons jugés méritants. Une « sesmaria » désigne de vastes concessions de terres. Les bénéficiaires étaient surtout des nobles, des militaires ou des navigateurs ayant rendu services au royaume.

C’est ainsi qu’au cours du 15e siècle, des fazendas ont commencé à voir le jour.

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Les fazendas et l’esclavage

Les fazendas et l’esclavage

A partir du 16e et du 17e siècle, les colons ayant reçu des terres ont commencé à planter de la canne à sucre et à produire du sucre. Le royaume avait alors pour but d’alimenter l’Europe, les Etats-Unis et le reste du monde en cette denrée.

Les propriétaires terriens ont d’abord commencé à utiliser la main d’œuvre autochtone à savoir les indigènes. Ces derniers finirent toutefois par refuser et les Portugais durent aller chercher de la main d’œuvre ailleurs. Comme les côtes africaines étaient les plus proches, les navigateurs Portugais ont ramené des esclaves capturés en Afrique. Pendant des décennies, plus de cinq millions d’esclaves auraient été introduits au Brésil, principalement sur les côtes de l’Etat de Bahia. Ils étaient vendus aux propriétaires terriens qui les faisaient travailler dans leurs plantations. Sur chaque fazenda, on pouvait apercevoir une senzala, le logement destiné aux esclaves.

Plus tard, le café a pris le relais à la canne à sucre. La production atteint son apogée vers le milieu du 19e siècle. Les principales fazendas de café brésilien se situaient dans l’Etat de Rio de Janeiro. On y recense, de nos jours, plus de 200 anciennes fermes.

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Quand le pays obtint son indépendance en 1822, l’agriculture du Brésil était déjà très solide. L’abolition de l’esclavage en 1888 a toutefois mis fin à cet âge d’or puisque les propriétaires terriens se retrouvaient sans main d’œuvre. Ils étaient d’ailleurs opposés à donner leur liberté aux esclaves, mais durent quand même s’y plier.

Actuellement, même si le café au Brésil et la canne à sucre continuent d’être cultivés, le pays a commencé à diversifier sa production. On peut aujourd’hui le considérer comme une ferme du monde, car il exporte annuellement toutes sortes de produits à travers le monde entier. Il ne se limite plus à l’agriculture intensive, mais s’est aussi lancé dans l’élevage intensif. Une autre filière dans laquelle il excelle. La preuve : il est aujourd’hui le premier producteur de viande au monde. Il occupe aussi le rang de 2e producteur mondial de soja et 3e producteur mondial de maïs.

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Les fazendas, sources d’inégalité au Brésil

Certaines fazendas d’hier sont aujourd’hui devenues des sociétés multinationales qui occupent toujours les terres qui leur ont été autrefois accordées. Leur présence et leur poids dans l’économie du pays génèrent des inégalités entre les populations.

Selon le bilan dressé par l’INSEE brésilien, les grands propriétaires qui représentent moins d’1% de la population occupent plus de 37 % des terres alors que les 73 % de la population doivent se partager 12 % des terres. Pour se rebeller contre ces inégalités, le « Mouvement des sans-terre (MST) » est apparu en 1985. Il mène une lutte farouche auprès des autorités en place pour qu’elles accordent un lopin de terre aux paysans.

L’arrivée de Lula au pouvoir en 2003 a quelque peu arrangé les choses puisqu’il a instauré une redistribution des terres à l’image de la fazenda Itamaraty, mais le MST juge les efforts encore insuffisants.

Les fazendas, aujourd’hui tournées vers le tourisme

Les fazendas, aujourd’hui tournées vers le tourisme

Ces dernières années, le Brésil commence à réaliser que les fazendas, ces domaines historiques, éveillent la curiosité des touristes. Un nouveau concept autour de ce riche patrimoine a alors été instauré : la route du café. Elle est l’équivalent de la route des vins en France, mais au Brésil, le circuit permet de visiter ces propriétés qui, malgré le temps, ont gardé leur superbe. Il faut souligner que jadis, les propriétaires ne regardaient pas à la dépense pour construire leur villa. Ils exigeaient seulement une chose : avoir une plus belle demeure que le voisin.

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Un peu partout à travers le pays, on trouve des fazendas. La fameuse route du café se focalise toutefois sur celles implantées dans l’Etat de Rio de Janeiro. Vous pourrez ensuite profiter du reste de votre séjour pour visiter celles situées dans les autres Etats du Brésil.

La route du café établit un triangle d’or délimité par Valença, Vassouras et Barra do Pirai. Au cours du 19e siècle, Vassouras était le principal point de production du café brésilien. Situé dans la vallée du fleuve Paraiba, la région compte actuellement une trentaine de fazendas.

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Parmi les fazendas à découvrir le long de cet itinéraire touristique, certains proposent uniquement des visites alors que d’autres font vraiment office de chambres d’hôtes. A vous de voir si vous souhaitez passer quelques nuits au sein de ces magnifiques demeures chargées d’histoire ou non. Séjourner directement dans une fazenda permet de plonger dans le quotidien de ces exploitants, de profiter pleinement de leur environnement et de goûter ou participer à leurs activités. Au programme : dégustation de produits locaux, randonnée à travers les plantations, visites des maisons, … et parfois même, des spectacles et concerts.

Quelques fazendas incontournables du Brésil

Le Brésil compte aujourd’hui encore des centaines de fazendas. Pour mieux plonger au cœur de ces propriétés, le premier circuit à visiter est la route du café (également appelée route des fazendas et du café). Cette dernière permet de partir à la rencontre de près de 200 fermes telles que :

  • La Fazenda Santo Antônio do Paiol : à part ses immenses plantations et sa belle demeure, cette propriété abrite aussi un musée exposant divers objets d’époque et de nombreux documents. Elle est seulement ouverte pour la visite.
  • La Fazenda Galo Vermelho à Vassouras : celle-ci propose un hébergement de haut standing et de nombreuses activités à ses invités. La ferme est résolument tournée vers l’élevage de chevaux donc une randonnée équestre sera forcément au rendez-vous.
  • La Fazenda São Luis da Boa Sorte : aujourd’hui tournée vers l’élevage, cette fazenda est seulement ouverte pour la visite. Tous les 25 de chaque mois, une messe publique est célébrée dans sa chapelle. Elle est l’une des rares propriétés à disposer d’une chapelle.
  • La Fazenda União à Rio das Flores : récemment rénovée, cette propriété propose l’hébergement à ses visiteurs. Parmi les activités proposées, il y a la présentation des musiques et de la culture noires.
  • La Fazenda do Secretario : ouverte seulement pour la visite, la propriété abrite une belle demeure à l’architecture néoclassique. Elle se démarque par son jardin à la française et sa tour pourvue de deux horloges. Jadis, ces dernières affichaient respectivement, l’heure brésilienne et l’heure française.
  • La Fazenda Florença à Valença : si vous êtes fan de novelas brésiliens, vous avez déjà dû apercevoir une partie de cette propriété. Elle se situe au sein d’une réserve écologique préservée ce qui permet aux touristes hébergés de partir à la découverte d’une nature verdoyante. La demeure est pleine de charme avec ses meubles d’époque.

Une fois que vous aurez parcouru l’intégralité du circuit, n’hésitez pas à partir sur les traces des autres fazendas du pays. Parmi elles, on vous recommande :

  • La Fazenda Itamarati :

Cette fazenda est surtout célèbre pour son histoire. Située à Ponta Porã, dans l’Etat du Mato grosso do Sul, elle occupait autrefois 50 000 hectares de terres. En son sein, on recensait un petit village composé de 370 maisons, uns supermarché, un centre de santé et une piste asphaltée. Elle appartenait à Olacyr de Moraes, mais celui-ci se ruina et dut vendre la propriété à l’Etat. Une partie des terres a été redistribuée aux paysans du MST qui y cultivent désormais le soja, du lait et de la viande.

L’ancienne fazenda, quant à elle, est aujourd’hui occupée par un établissement scolaire inauguré en 2010. Cette école a été établie dans le cadre du Plano de Ações Articuladas.

  • La Fazenda Santa Maria da Amazônia :

Située à Sorriso, dans l’Etat du Mato Grosso, cette fazenda figure aujourd’hui parmi les principaux producteurs de soja du pays. Elle s’étend sur une superficie de plus de 13 000 hectares dont plus de 7 600 hectares attribués à la culture, 233 hectares réservés à l’élevage et plus de 5 300 hectares de forêts. Notez que le site occupé par la fazenda était autrefois couvert d’une forêt de transition.

  • Les Fazendas du Pantanal :

Pour ceux qui veulent profiter de leur séjour dans le Pantanal pour visiter d’autres fazendas, voire y séjourner, vous en trouverez plusieurs autour de Campo Grande dans la région de Corumba.

Parmi elles, il y a la fazenda Xaraes qui s’est lancée dans divers programmes de protection des animaux comme le projet de l’Arara Azul, une espèce en voie d’extinction. Il y a également la fazenda São Francisco qui se situe au bout de la Serra da Bodoquena. Elle est un point de départ idéal pour partir à la découverte des nombreuses espèces d’oiseaux établis dans la région.

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