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Brésil-présidentielle: Lula triomphera d’Alckmin grâce au social et malgré la corruption

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RIO DE JANEIRO, samedi 28 octobre 2006 (LatinReporters.com)
– Surpris au premier tour par un ultime scandale de corruption, Luiz Inacio
Lula da Silva devrait, selon les sondages, être réélu
au second tour, le 29 octobre, à la présidence du Brésil
avec plus de 60% des voix. Icône des pauvres, Lula a acculé son adversaire, le
social-démocrate Geraldo Alckmin, lui prêtant l’intention de privatiser et de réduire
les avantages sociaux.

 

La poste, la Caisse économique fédérale, qui permet
aux pauvres d’entrer dans le circuit de l’épargne, et le joyau du
Brésil, Petrobras, multinationale publique des hydrocarbures… Prenez
garde! Tout cela sera privatisé si arrivait au pouvoir le candidat
des patrons, le social-démocrate de droite Alckmin, qui effacerait
en plus le programme Bourse-Famille, filet de survie de 11 millions de foyers
brésiliens…

Ces menaces n’apparaissent nulle part à la lecture du programme de
la coalition menée par le Parti de la social-démocratie brésilienne
(PSDB, centre droit) de Geraldo Alckmin, mais elles lui collent à
la peau. Car Lula et son Parti des travailleurs (PT, gauche) n’ont cessé
de les marteler pour répondre avec succès, dans les meetings
et lors de quatre face-à-face télévisés, à
l’épouvantail de la corruption gouvernementale agité par Alckmin.
La stratégie du PT s’est prévalue des privatisations lancées
par le PSDB sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).

Ancien gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, poumon économique du Brésil,
le médecin anesthésiste Geraldo Alckmin, 53 ans, risque précisément
l’anesthésie électorale. Unanimes, les sondages lui prêtent
moins de 40% des intentions de vote contre plus de 60% à l’ex-ouvrier
métallurgiste Lula, icône de la gauche latino-américaine.
Lula en savourait d’autant mieux, vendredi à Brasilia, le gâteau
de ses 61 ans.

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Alckmin prévient que les sondages ne sont pas la Bible. Ils lui attribuaient
souvent moins de 30% des voix avant le 1er octobre, date du
premier tour
de l’élection présidentielle. Mais il en obtint 41,64%, talonnant
les 48,61% de Lula. Deux jours avant ce premier round, les journaux brésiliens
publiaient à la une des photos de liasses de billets de banque saisis
par la police. Selon des accusations portées en justice et qui ont
provoqué des démissions au sein du PT, cet argent, l’équivalent
de 800.000 dollars, devait permettre au parti de Lula d’acheter des dossiers
fabriqués pour discréditer avant les élections Geraldo
Alckmin et un autre notable social-démocrate, José Serra, élu
gouverneur de l’Etat de Sao Paulo.

Mais à la veille du second tour, les paramètres sont différents.
L’impact électoral de la corruption, qui a miné les deux dernières
années du mandat de Lula, recule face à la crainte de perdre
des avantages sociaux. Selon la prestigieuse Fondation Gertulio Vargas, Lula
aurait tout de même ramené en quatre ans de 28,1% à 22,7%
le taux de pauvreté, soit le taux le plus bas depuis 25 ans.

En outre, Lula semble bénéficier du report naturel sur son nom des 9,5%
d’électeurs réunis au premier tour par deux dissidents du PT,
la sénatrice
Heloisa Helena
et l’ex-ministre Cristovam Buarque, qui
reprochent au parti de Lula sa modération et même son « embourgeoisement ».

Alckmin et Lula ont tiré leurs dernières cartouches vendredi
soir à Rio de Janeiro, en duel devant les caméras de TV Globo,
reine de l’audio-visuel brésilien. Le candidat social-démocrate
a surpris son adversaire en l’accusant de privatiser à son tour rien
de moins que l’Amazonie, où des entreprises privées brésiliennes
et étrangères peuvent exploiter la forêt pour une période
de 30 ans renouvelable.

Lula a rétorqué qu’il s’agissait de « concessions et non pas
de privatisation » pour empêcher « l’exploitation illégale » de
la forêt. Cherchant lui aussi l’effet boomerang, le président
a affirmé que la corruption, tant dénoncée par Alckmin,
affleure aujourd’hui car elle est poursuivie, alors qu’auparavant « on la
cachait sous le tapis ».

Outre la corruption, l’économie et la politique étrangère
ont également alimenté les critiques de Geraldo Alckmin pendant
la campagne du second tour de l’élection présidentielle.

Il a accusé Lula de détruire l’industrie, victime de taux
d’intérêt élevés, ajoutant que la croissance
du Brésil, évaluée à 2,3%, est l’une
des plus faibles en Amérique du Sud. Cet argument sensibilise la classe
moyenne, soit près du tiers des 185 millions de Brésiliens.
Selon Alexandre Mendoça, professeur à l’Ecole d’économie
de Sao Paulo, la classe moyenne souffrirait de la hausse des impôts
et d’une faible croissance de l’emploi.

Alckmin a aussi joué sur la fibre nationaliste des 126 millions d’électeurs
brésiliens, reprochant à Lula de trop s’effacer devant le bouillant
vénézuélien Hugo Chavez et de ne pas défendre
suffisamment les intérêts de Petrobras, victime comme d’autres
multinationales de la
nationalisation des hydrocarbures
décrétée le 1er mai dernier en Bolivie.

Ces flèches ont porté. Le Brésil a discrètement
retiré cette semaine son appui à la candidature du Venezuela
au Conseil de sécurité des Nations unies. Le ministre brésilien
des Relations extérieures, Celso Amorim, a par ailleurs averti La Paz que « le Brésil
n’acceptera pas une décision unilatérale »
et ne sera pas « l’esclave des délais » dans la négociation de
nouveaux contrats pour l’exploitation du gaz et autres hydrocarbures en Bolivie.

Selon le gouvernement bolivien d’Evo Morales, les négociations devraient aboutir au plus tard ce
week-end avec les multinationales. L’entreprise publique brésilienne Petrobras
est celle qui a le plus investi en Bolivie. Elle y contrôle 47% des
réserves certifiées de gaz naturel.

Au-delà des arguments rationnels, le mythe de l’ouvrier devenu président
pour défendre les pauvres et la télégénique bonhomie
paternelle de Lula sont ses meilleurs atouts pour conserver la présidence
du Brésil.

Source latinreporters.com

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