Economie du Brésil : bientôt le titre de « ferme du monde »
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S’il ne l’est pas encore, il est sur la bonne voie et ne tardera plus à arracher aux Etats-Unis le titre de « ferme du monde ». Le secteur agricole du Brésil ne cesse effectivement d’évoluer et en l’espace de quelques années, il est devenu leader dans de nombreuses cultures. Aujourd’hui, alors même que le reste du monde se demande comment couvrir les besoins alimentaires et énergétiques de la planète, le Brésil lui, s’impose comme la solution pour tous.
Le Brésil, un géant de l’agriculture
Etant le cinquième pays le plus vaste au monde, le Brésil a tous les atouts en main pour s’imposer comme étant le leader mondial en matière d’agriculture. Depuis quelques années, il est d’ailleurs devenu une puissance agro-exportatrice et ne lésine pas sur les efforts pour devenir la ferme du monde. Un titre aujourd’hui détenu par les Etats-Unis, mais que ces derniers pourraient perdre vu toute l’énergie que le Brésil met pour développer son agriculture.
A part ses immenses terrains, le pays bénéficie également d’une grande diversité d’écosystèmes et de climats lui permettant de varier ses cultures et ses élevages. Soulignons également qu’avec le front pionnier qui a été ouvert en Amazonie, à ses vastes étendues de terrains déjà destinés à l’agriculture s’ajoutent une superficie de 90 millions d’hectares cultivables de plus. Sans compter que le pays ne souffre d’aucune pénurie d’eau ou d’électricité. La grande majorité des exploitations étant aujourd’hui mécanisée, il n’aura aucun mal à devenir le 1er exportateur agricole mondial, place occupée depuis toujours par les Etats-Unis.
Il est aujourd’hui, l’un des rares pays qui arrivent à alimenter sans difficulté l’ensemble de sa population qui se chiffre à près de 200 millions pour une superficie totale de 8, 5 millions de km². Et non content de pouvoir subvenir à leurs besoins alimentaires, il se charge aussi de fournir près de 180 pays en denrées alimentaires diverses.
Parmi ses plus étroits partenaires commerciaux, on peut citer la Chine qui représente aujourd’hui plus de 14 % de ses exportations. En l’an 2000, ce pourcentage ne se chiffrait qu’à 3 % ce qui prouve bien que le pays avance à pas de géant pour devenir le leader agricole de la planète. Rappelons qu’il ne s’est lancé dans un développement agricole qu’en 1960.
Le Brésil, leader dans diverses cultures
Au Brésil, on trouve un peu de tout, mais il est évident qu’il excelle plus dans certaines cultures que d’autres. Ce qui est sûr, c’est qu’il :
- Est le premier producteur mondial de café, de sucre, de soja, de tabac, de jus d’orange, de papayes, de viande de bœuf et de haricots
- Est le deuxième producteur mondial de viande de poulet, de bananes et de manioc
- Est le troisième producteur mondial de maïs, de poivre, de mandarines, de ricin et de noix de cajou
- Est le quatrième producteur mondial de viande de porc, d’ananas et de noix de coc
- Est le cinquième producteur mondial d’avocats, de fèves de cacao et de citrons
Parmi ses cultures, celle de la canne à sucre est la plus stratégique puisque lui permet aussi de produire de l’agrocarburant dont l’éthanol. Actuellement, de nombreux véhicules roulent déjà avec de l’éthanol au Brésil ce qui lui permet d’être totalement indépendant des fluctuations du coût du pétrole sur le marché mondial.
Des ambitions titanesques pour le Brésil
Déjà en lice pour devenir la « ferme du monde », le Brésil compte y parvenir dans un avenir proche. Il nourrit même de grandes ambitions quant à sa capacité productive et a fixé pour 2020, soit d’ici deux ans,
- une couverture mondiale de 44, 5 % pour la production de viande de bœuf
- une couverture mondiale de 48, 1 % pour la production de viande de volaille
Pour atteindre ces objectifs, le ministère de l’agriculture a énoncé une progression de 2 % à 5 % par an d’ici 2020.
Un développement agricole géré par deux ministères
Contrairement à ce que l’on peut voir dans les autres pays du monde, le Brésil dispose de deux ministères qui gèrent son secteur agricole.
Le premier, le Ministério da Agricultura, Pecuaria et Abastecimento (Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et du ravitaillement) est chargé de gérer le secteur agro-industriel c’est-à-dire celui chargé d’assurer les exportations agricoles à travers le monde.
Le second, le Ministério do Desenvolvimento agrario (Ministère du développement agraire) est chargé d’encadrer l’agriculture paysanne et d’encourager la réforme agraire.
Cela implique que deux formes d’agriculture subsistent au pays : celui des industries agro-alimentaires et celui des petits paysans. Les premiers disposent souvent de plus de 100 ha de terres exploitables et cela peut même grimper jusqu’à plusieurs milliers d’hectares selon les activités et l’envergure de l’entreprise. Ces grandes exploitations sont surtout localisées dans le centre du pays.
Les seconds, quant à eux, prennent la forme de petites agricultures familiales lesquelles n’ont à leur disposition qu’une petite superficie de moins de 10 hectares. C’est souvent le cas des agriculteurs vivant en haute Amazonie ou dans le Nordeste du pays. Pour ceux qui vivent dans le Sudeste, et plus précisément à São Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte, les exploitations s’étendent sur une superficie allant de 10 à 100 hectares, mais pas plus. Là encore, ce sont des familles qui s’en occupent, mais de manière plus industrialisée.
Malgré les grosses différences qui existent entre eux, ces exploitations se complètent. Alors que les petits agriculteurs se chargent de fournir les besoins internes, les grandes exploitations se chargent de livrer à l’échelle mondiale.
Une grande capacité d’adaptation
Un autre grand avantage de l’agriculture brésilienne c’est sa grande capacité d’adaptation. En effet, quelle que soit la demande qui émane des marchés mondiaux, le pays peut s’y adapter facilement vu ses vastes champs et ses climats.
La preuve, le soja n’est qu’une culture récente au pays et pourtant, il en est déjà le premier producteur au monde.
Pour suivre la demande mondiale, la culture brésilienne a rapidement évoluée en mettant en place les cerrados du Mato Grosso, de l’ouest de Bahia et du Goias. Ce ne sont pas les seuls puisque ces dernières années, les exploitations progressent de plus en plus vers la forêt amazonienne vu que le sol y est plus fertile et que le climat y est plus humide. Dans la plupart des cas, les industriels rachètent à des paysans, des terres qu’ils ont déjà défrichées. Même si leur progression semble se compléter et même si le statut de ferme du monde est près d’être atteint, c’est le titre de « poumon vert du monde » qui est aujourd’hui en péril tant l’agriculture intensive s’étend de plus en plus vers les réserves écologiques de la forêt amazonienne.
De plus, quand les grandes industries se déplacent, les petits paysans sont obligés de trouver de nouvelles terres à défricher ce qui ne présage rien de bon pour l’Amazonie.
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