Le ministre brésilien de la défense limogé par Lula
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Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva
a démis mercredi de ses fonctions le ministre de la Défense Waldir Pires, première victime politique de la crise du transport aérien, exacerbée depuis l'accident, la semaine dernière, de l'Airbus de A320 de la TAM à Sao Paulo.
M. Pires sera remplacé par l'ancien président de la Cour suprême brésilienne, Nelson Jobim, 61 ans.
Le ministre de la Défense sortant était critiqué de toutes parts pour son absence de poigne dans la gestion d'une crise déclenchée il y a dix mois par l'accident d'un Boeing de la Gol, qui s'était écrasé en Amazonie avec 154 personnes à bord.
Le bilan estimé de l'accident de l'Airbus à Sao Paulo est quant à lui estimé à près de 200 morts.
Au Brésil, l'armée a la responsabilité d'une grande partie de l'aviation civile. C'est elle qui gère le contrôle aérien, les trois-quarts des 2.700 aiguilleurs du ciel sont des militaires et c'est un militaire qui dirige Infraero, l'entreprise publique chargé de la gestion des aéroports.
Waldir Pires, 80 ans, était une figure respectée de la résistance à la dictature militaire (1964-1985), membre du Parti des Travailleurs de Lula. Ses rapports avec la hiérarchie militaire s'étaient détériorés depuis qu'il avait soutenu la revendication des aiguilleurs du ciel d'une démilitarisation du contrôle aérien.
Fin juin, le président Lula avait pris le parti des militaires et appuyé les mesures disciplinaires prises contre des contrôleurs aériens accusés d'animer des mouvement de grève du zèle et appelé à "remettre de l'ordre dans la maison".
Le remplaçant de Waldir Pires au ministère de la Défense, Nelson Azevedo Jobim, 61 ans, est membre du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié au gouvernement Lula. L'ancien président de la Cour suprême brésilienne va avoir fort à faire face à une crise qui a abouti depuis deux jours à la quasi paralysie de l'aéroport de Congonhas, plaque tournante du transport aérien brésilien.
Mercredi, après des pluies persistantes durant la nuit et une partie de la matinée, cet aéroport était le plus touché par les perturbations avec 70% des vols annulés.
Selon Infraero, dans l'ensemble du Brésil, vers 10H30 locales (13H30 GMT), 26,67% des vols, soit 168 sur 630, avaient subi des retards de plus d'une heure, tandis que 12,9%, soit 121 vols, avaient été annulés.
La piste principale de Congonhas est fermée depuis le crash de l'Airbus et la piste auxiliaire, plus courte (1.435 mètres), ouvre par intermittences en raison du mauvais temps.
Les compagnies TAM et Gol ont décidé mercredi de ne plus vendre, jusqu'au 30 juillet, de billets au départ ou à destination de Congonhas et de l'aéroport international de Guarulhos à Sao Paulo, afin de parvenir à acheminer les voyageurs déjà munis de billets qui s'entassent dans les terminaux.
Gol, deuxième compagnie brésilienne derrière TAM, a en outre demandé aux passagers de repousser leur voyage "durant l'un des moments les plus critiques pour l'aviation brésilienne".
Le président d'Infraero José Carlos Pereira a déclaré mercredi soir que les opérations de rainurage sur la piste principale de Congonhas débuteraient dès ce mercredi et prendraient 20 à 40 jours.
L'absence de rainurage afin d'améliorer l'adhérence des pneus par fortes pluies sur cette piste qui vient d'être refaite avait été critiquée après l'accident de l'Airbus, dont les causes ne sont pas encore élucidées.
Des députés brésiliens qui tentent d'accompagner à Washington le déchiffrage des boîtes noires de l'avion sinistré ont donné de premières informations sur leur contenu selon la presse locale mercredi. Selon eux, l'Airbus de la TAM avait atterri le 17 juillet à Congonhas à une vitesse normale (entre 220 et 240 km/h) et avait heurté un immeuble à la vitesse de 175 km/h, après avoir "dérapé à la fin de la piste".
Ces premières constatations ne permettent pas pour l'instant, selon les enquêteurs, de déterminer les causes de l'accident.
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