L’Amazonie s’arme contre le réchauffement climatique
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MANAUS – Le gouvernement de l’Etat d’Amazonas a promulgué cette semaine, pour limiter la déforestation massive de l’Amazonie, la première loi sur le changement climatique au Brésil, quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre de la planète.
La déforestation est responsable pour les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre au Brésil. L’Etat de l’Amazonas recouvre une surface de 1,5 million de km2, soit 33% de la forêt amazonienne.
Un rapport récent du ministère brésilien de l’Environnement a tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique en Amazonie. « Si la frontière agricole et l’industrie du bois continuent leur progression au rythme actuel, la surface
recouverte par la forêt amazonienne passera de 5,2 millions à 3,2 millions de km2 en 2050 ».
Selon les pronostics les plus pessimistes, les températures pourraient grimper de 8 degrés dans la centaine d’années à venir.
La nouvelle loi prévoit l’instauration d’une rémunération pour les populations locales qui oeuvrent à la préservation de leur habitat et à la réduction de la déforestation.
Le financement de cette « bourse forêt » sera assuré par un fonds spécial: les entreprises privées ou les pays polluants pourront y investir et recevront en contrepartie un « crédit de carbone » garantissant la préservation de la forêt amazonienne, a expliqué le secrétaire à l’Environnement de l’Amazonas, Virgilio Viana .
Le gouvernement d’Amazonas fera appel aux marchés dits « volontaires » de crédit de carbone, non régulés par le protocole de Kyoto. L’un des objectifs du gouvernement de l’Etat d’Amazonas est de parvenir à inclure la réduction de la déforestation dans le futur accord international qui se substituera au protocole de Kyoto.
L’Amazonas souhaite que le fonds s’élève à 300 millions de dollars (30 millions de dépenses annuelles). Quelque 8.500 familles devraient en bénéficier cette année et l’objectif est d’atteindre les 60.000 familles en 2010.
« Il est très important de reconnaître le rôle joué par les populations locales dans la préservation de la forêt amazonienne. Cette loi permet de les rémunérer pour le service qu’elles rendent à l’environnement », a déclaré à l’AFP Carlos Nobre, chercheur à l’Institut de recherches spatiales.
Ces nouvelles dispositions ont été bien accueillies par les écologistes qui y voient les prémices de futures politiques du même genre dans le pays.
« Le gouvernement de l’Amazonas donne un exemple vital au Brésil », a déclaré le responsable de Greenpeace pour la région, Paulo Adario.
Malgré les efforts du pays pour lutter contre la déforestation et développer des biocarburants alternatifs moins polluants, le Brésil rechigne à fixer des objectifs pour réduire ses émissions.
« Toute politique concernant le changement climatique doit tenir compte des impératifs de croissance économique dans les pays en développement », affirme le gouvernement brésilien. C’est la position que va défendre le président Luiz Inacio Lula da Silva devant le Sommet du G8 en Allemagne.
Le Brésil a réussi ces dernières années à réduire de 52% le rythme des déforestations en Amazonie, » ce qui revient à 430 millions en moins de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit 15% des émissions qu’il incombait aux pays riches de réduire », a déclaré récemment la ministre de l’Environnement, Marina Silva.
La ministre a annoncé l’élaboration d’un plan national, à l’image de l’initiative de l’Amazonas.
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