Alberto Santos-Dumont : un Brésilien, pionnier de l’aviation

 

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Alberto Santos-Dumont : un Brésilien, pionnier de l’aviation
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Le Brésil compte de nombreux artistes et intellectuels. Alberto Santos-Dumont en fait partie. Il est méconnu du grand public, mais il est temps que ce grand public fasse sa connaissance. Qui est-il et qu’a-t-il laissé dans l’histoire de l’humanité ?

Un pionnier de l’aviation

Quand on parle aviation, on se dit que les Américains ou les Européens en sont les premiers pionniers. Cette fois-ci, nous avons tous tort puisque c’est à un Brésilien du nom d’Alberto Santos-Dumont que revient ce titre. Bien sûr, les autres pays ont également mené des recherches et fait de nombreux essais, mais dans la course au titre de pionnier, on ne peut qu’acclamer ce Brésilien.

Qui est Alberto Santos-Dumont et d’où vient-il ?

Qui est Alberto Santos-Dumont

Alberto Santos-Dumont est le fils de Henrique Dumont et de Dona Francisca de Paula Santos. Son père était Français, naturalisé Brésilien tandis que sa mère était une Brésilienne née, fille d’un notable.

Henrique Dumont appartenait à une riche famille française qui a quitté leur France natale pour faire fortune au Brésil. Les Dumont y possédaient une vaste plantation de café.

Alberto Santos-Dumont est né le 20 juillet 1873, dans le Sudeste du Brésil et plus précisément dans une petite ville de l’Etat du Minas Gerais. Il était issu d’une fratrie de huit enfants.

Comme ses frères et sœurs, il grandit au Brésil. Après avoir fait des études à São Paulo, il intègre l’école des mines d’Ouro Perto. C’est à cette période, en 1891, que son père eut un accident de cheval assez grave. Contraint de quitter le pays pour se soigner en France, le père de famille vend ses plantations et rentre en France avec sa famille. Alberto avait alors 18 ans.

En savoir plus sur cet article : Alberto Santos-Dumont : un pionnier aviateur

Sa vie en France

Peu de temps après être arrivé en France, Henrique Dumont meurt des suites de son accident. Son épouse retourne alors vivre au Brésil. Alberto, quant à lui, décide de rester pour intégrer l’école des Arts et Métiers de Paris pour suivre des études d’ingénieur. Il faut savoir que depuis son jeune âge et durant son enfance dans la fazenda familiale, il a toujours été attiré par les moteurs et les machines.

Ses études d’ingénieur lui permirent donc de creuser davantage cette passion surtout qu’à la fin du 19e siècle, Paris était considérée comme le centre du savoir, des découvertes scientifiques, des arts et des lettres.

En 1896, il retourne vivre auprès de sa mère au Brésil, mais décide finalement de retourner vivre à Paris en 1897. Grâce à son immense héritage laissé par son père, il menait un train de vie confortable et se conduisait en dandy profitant pleinement des exubérances et folies parisiennes.

Les dirigeables, ses premières innovations

Il ne perd toutefois pas sa passion de vue et dès l’âge de 25 ans, en 1898, il commande un premier ballon dirigeable. Il demande aux ingénieurs chargés de sa construction du ballon d’utiliser de la soie du Japon pour le confectionner. Le but était de le rendre le plus léger possible. Avec un diamètre de 6 mètres, il l’a baptisé « Brasil ». Il était pourvu d’une petite nacelle, d’un filet en coton, d’un guiderope de 8 kg et d’un grappin de 3 kg. Lorsqu’il fut gonflé à l’hydrogène, Santos-Dumont put rester dans les airs pendant cinq heures et atterrir à Pithiviers. A cette époque, c’était une véritable prouesse surtout vu la taille du ballon.

Après le succès qu’a rencontré le ballon nommé « Brasil », Alberto Santos-Dumont se lance dans la fabrication d’un second dirigeable qu’il baptisa « Amérique ». Ce ballon était destiné à une course à laquelle il devait participer. Il était plus grand que le premier et là encore, le succès fut au rendez-vous. Il put rester dans les airs pendant 22 heures et aller de Paris jusque dans la Creuse.

En 1900, le mécène Henry Deutsch de la Meurthe décide de créer une compétition de dirigeables. Le vainqueur se verra récompenser d’un prix de 100 000 francs. Le challenge était de couvrir la distance entre Saint-Cloud et la Tour Eiffel en moins de 30 mn en aller-retour au point de départ. Alberto Santos-Dumont, qui était alors membre de l’Aéro-Club de France, y participe en 1901. Après une première tentative infructueuse en août 1901, il finit par remporter le défi le 19 octobre de la même année. Sa victoire suscita toutefois la polémique, car certains disent qu’il a dépassé de quelques secondes le temps imposé par le mécène. En novembre toutefois, les doutes furent dissipés et on le proclame finalement vainqueur de la compétition.

Malgré ce nouveau succès, l’homme quitte l’Aéro-club après avoir découvert que c’est l’Académie des sciences qui s’est surtout battu pour qu’il remporte la compétition. En 1902 toutefois, une réconciliation eut lieu entre lui et le club qu’il réintègre à nouveau sous les acclamations des autres membres.

Fort de ces réussites, Alberto Santos-Dumont multiplie les constructions de dirigeables entre 1898 et 1907. Pour les concrétiser, il a collaboré avec Henri Lachambre, un fabricant d’aérostats.

Ses débuts dans l’aviation

Alberto Santos-Dumont : un Brésilien, pionnier de l’aviation

En tant qu’ingénieur, Alberto Santos-Dumont s’intéresse à tout ce qui est machines volantes. Il suit notamment de près les études menées par les frères Wright. Ces derniers ont construit un plus lourd que l’air qu’ils ont réussi à faire décoller en 1903. Ce premier vol s’est toutefois fait sans témoin et les frères Wright disent qu’ils ont équipé leur machine volante de patins pour le faire s’envoler depuis une rampe de lancement en pente.

L’histoire retient ce premier vol comme le tout premier réalisé à travers le monde, mais les Brésiliens ne le voient pas de cet œil. Pour eux, même si les Américains ont bien réussi ce vol, c’est à Alberto Santos-Dumont que doit revenir ce titre.

Pour cause : la machine volante des Américains a bénéficié d’une sorte de catapulte à plan incliné pour pouvoir prendre l’air. Celle de Santos-Dumont, quant à elle, n’en a pas eu besoin comme en témoigne les milliers de Parisiens venus l’acclamer le 23 octobre 1906.

C’est ce jour-là que le Franco-Brésilien a fait le premier essai en vol de son plus lourd que l’air autopropulsé. Ce dernier a réussi à monter à une latitude de 2-3 mètres sans nul besoin de rampe de lancement. Pour les personnes présentes, c’est cet évènement que l’on doit retenir comme le premier vol d’une machine volante.

Notez que le terme « plus lourd que l’air » est utilisé depuis 1863 pour différencier les machines volantes ou aérodynes des ballons ou aérostats. Cela signifie qu’après avoir construit des dirigeables pendant quelques années, Santos-Dumont s’est aussi lancé dans la conception de machines volantes.

Le 12 novembre 1906, à bord de sa machine volante, il réussit à parcourir une distance de 220 m en seulement 21 secondes. Cette fois-ci, la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) ne tarde pas à qualifier cette prouesse de premier record du monde d’aviation.

Les « Demoiselles » s’enchaînent

Non, on ne parle pas des femmes qui ont défilé dans sa vie, mais des petits avions baptisés « Demoiselles » qu’Alberto Santos-Dumont a commencé à construire à partir de 1909. Il a choisi ce nom puisque ses avions rappellent un peu les libellules surnommées demoiselles.

Grâce à sa série d’avions, l’homme gagne encore en notoriété et fut l’un des premiers constructeurs à proposer des avions vendus en kit aux opérateurs touristiques. Faciles à manier, la vente était aussi ouverte au grand public. Les Demoiselles proposaient déjà à ses utilisateurs les bases essentielles qu’utilisent encore les avions modernes.

Quand Blériot traverse la Manche en 1909, l’avion qui le transportait était inspiré des Demoiselles d’Alberto Santos-Dumont. Il en va de même pour l’appareil qui a transporté Roland-Garros pour traverser la Méditerranée en 1913.

Fin de vie

Alors que ses affaires se portaient très bien, Alberto Santos-Dumont décide d’abandonner le secteur de l’aviation du jour au lendemain. C’était en 1910. Pour lui, il était inconcevable qu’on puisse utiliser les avions à des fins militaires.

A cette même époque, on lui diagnostique une sclérose en plaques. Il sombre dans la dépression nerveuse et commence à perdre petit à petit ses capacités physiques et intellectuelles.

Il retourne vivre au Brésil en 1928, là où il est acclamé comme un héros. Malgré sa santé décadente, il continue de participer à quelques conférences et meetings.

En 1932, face à sa santé qui se dégrade rapidement et voyant les bombardements effectués par les avions durant la révolution constitutionnaliste, il sombre dans la dépression. Il se suicide le 23 juillet. Son corps sans vie a été retrouvé dans une chambre du Grand Hôtel, à Guaruja, à proximité de São Paulo. Il avait 59 ans.

Il a été enterré au cimetière São João Batista.

Reconnaissances et distinctions

En France,

  • Alberto Santos-Dumont s’est vu attribuer le titre de commandeur de la Légion d’Honneur en 1913 pour le remercier de ses innovations au service de l’aviation.
  • L’Aéro-Club de France a fait construire une statue le représentant à Saint-Cloud
  • Un lycée sis en Métropole porte aujourd’hui son nom ainsi que plusieurs rues

Au Brésil,

  • des stèles et statues ont été construites pour lui rendre hommage. La plus incontournable est sans nul doute la statue qui a été érigée près des Chutes d’Iguazu. Pourquoi un tel monument y a été implanté ? Parce qu’en 1916, après avoir découvert les chutes, l’homme fut tellement séduit par la beauté du site qu’il créa autour des chutes un Parc national. A cette époque, ces dernières se situaient sur une propriété privée, mais il s’est battu pour qu’elles soient reconnues d’intérêt public. Il dépensa des sommes folles pour concrétiser ce rêve et finit par le réaliser.
  • de nombreux lieux publics et rues ont été baptisés Santos-Dumont
  • le premier aéroport à avoir été construit au pays, et plus précisément à Rio de Janeiro, porte également son nom

Et ce n’est pas tout puisque Louis Cartier a aussi tenu à lui faire un bel hommage. L’horloger-joaillier était à l’époque un ami d’Alberto Santos-Dumont. En 1904, il produit la première montre-bracelet qu’il offre à son ami, ce dernier ne pouvant pas utiliser une montre à gousset en plein vol.

Les succès de Santos-Dumont donnèrent un coup de pub aux montres de Cartier et rapidement, les montres portées au poignet deviennent tendance. Cartier a tenu à rendre hommage à cet homme en baptisant l’une de ses montres de luxe « Santos ». Selon la marque, ce modèle serait l’exacte réplique de celui utilisé par l’aviateur.

 

 

 

 

 

 

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