Bracelets de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia : est-ce que vous les connaissez ?

 

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Bracelets de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia : est-ce que vous les connaissez ?
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Quand on va au Brésil, surtout dans la région du  Nordeste et dans l’Etat de Bahia, vous ne manquerez pas de voir des petits bracelets en ruban de différentes couleurs. Vous les verrez, tantôt autour des poignets des gens, tantôt rattachés à une grille, tantôt entre les mains de vendeurs ambulants qui essaieront de vous en vendre. Pourquoi le retrouve-t-on partout ? Que symbolisent-ils et pourquoi certaines clôtures en sont complètement recouvertes ? Zoom sur ce bracelet que les Brésiliens appellent « Lembranças de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia ».

Qu’est-ce qu’un « Lembrança de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia » ?

Qu’est-ce qu’un « Lembrança de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia » ?

Ce sont des petits bracelets colorés sur lesquels on peut lire « Lembrança Do Senhor do Bonfim da Bahia ». Pour les Brésiliens, essentiellement les Bahianais, ce sont des bracelets porte-bonheur grâce auxquels on fait des vœux. Pourquoi les dédie-t-on à Nosso Senhor do Bonfim ? Remontons l’histoire …

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Qui est Nosso Senhor do Bonfim da Bahia ?

Nosso Senhor de Bonfim est le Saint Patron de la ville de Setubal au Portugal. C’est là que le capitaine de marine portugaise, Theodozio Rodrigues de Faria a vu le jour. Lors d’une de ses traversées, son navire a rencontré une violente tempête. Pris dans cet engrenage, le capitaine a promis que s’il survit à la tempête, il apporterait l’image de sa dévotion au Brésil. C’est ainsi qu’une réplique de ce Saint a fait le voyage depuis Setubal au Portugal jusqu’à l’église de la Penha au Brésil. Cette représentation du Saint patron arrive au Brésil le 18 avril 1745.

Pourquoi est-elle restée à l’église de la Penha ? Parce que la construction d’une église à son nom n’a débuté qu’en 1745. Le chantier ne fut complètement terminé qu’en 1772, mais dès que la partie interne de l’église a été achevée en 1754, la représentation de Nosso Senhor do Bonfim y a été transféré à travers une longue procession. Une messe solennelle a été organisée pour accueillir le Saint Patron de l’église, qui devint aussi, le Saint Patron de tous les Bahianais. Voilà pourquoi on a rajouté le terme « da Bahia » à son appellation.

Où se situe l’église de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia ?

Pour mieux comprendre l’importance du bracelet, une visite de l’église est indispensable. Cette dernière se situe à Salvador de Bahia, sur la Sagrada Colina ou colline sacrée. Dès qu’on arrive en vue de l’église, une image happe le regard : des milliers de bracelets colorés recouvrent entièrement les grilles de fer qui bordent l’église. Cela nous explique où finit les bracelets que les Bahianais portent sur eux, une fois leurs vœux exaucés.

Sur place, on rencontre de nombreux vendeurs de « fitinhas » ou « fitas do Bonfim ». Ces deux termes signifient bracelets. N’hésitez pas à en acheter pour vous, mais aussi pour vos proches.

Si l’église en elle-même reste classique, d’un point de vue architectural, son histoire mérite que l’on se penche dessus. La première chose à savoir c’est qu’au-delà des bracelets colorés, l’église est le principal lieu de la foi catholique à Bahia. Cependant, elle est aussi rattachée au syncrétisme, une religion qui allie la religion chrétienne et la religion des anciens esclaves africaines. Il ne faut pas oublier que l’Etat de Bahia a été une plaque tournante de l’esclavage au Brésil.

Comment se fait-il qu’elle soit reliée à cette religion hybride ? En 1773, la fraternité des dévots laïcs demandent aux esclaves Bahianaises de laver le parvis de l’église afin d’organiser la fête dédiée au Senhor do Bonfim qui devait se tenir le 2e dimanche du mois de janvier. Pour mener à bien leur mission, les esclaves nettoyèrent le parvis au rythme du son de cantiques africains et du candomblé. Année après année, ils agissaient de la même façon, tant et si bien que ce lavage devint un rituel pour eux. Même lorsqu’ils ont été libérés, les anciens esclaves revinrent chaque année pour le lavage du parvis. Petit à petit, ils ont associé Nosso Senhor do Bonfim à l’un de leurs dieux, à savoir le dieu Oxala.

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Aujourd’hui, le lavage de l’église est devenu une cérémonie syncrétique importante à Bahia. Chaque année, de nombreuses personnes y assistent pour voir les Bahianaises en tenues traditionnelles laver, chanter et danser au rythme du candomblé.

Notez que durant cette cérémonie, les portes de l’église restent fermées. Pour cause, l’archidiocèse de la ville refuse d’accueillir le syncrétisme à l’intérieur du lieu sacré. Elle autorise toutefois les Bahianais à conserver cette tradition tant que cela se déroule sur les marches de l’église. Si vous passez les fêtes de fin d’année au Brésil, pensez à faire un détour à Salvador de Bahia durant la deuxième semaine du mois de janvier pour assister à ces festivités, symboles du syncrétisme religieux.

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Comment les bracelets de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia ont été créés ?

Au cours du 18e siècle, une statue du Christ a été ramenée depuis le Portugal jusqu’à l’église de Nosso Senhor do Bonfim da Bahia. Cette dernière est aujourd’hui encore visible sur l’autel de l’église. En 1809, un premier bracelet de 47 cm a été créé sous le nom de « Medida do Bonfim ». Cette longueur a été expressément choisie, car c’est la longueur du bras droit de la statue du Christ. A cette époque, le collier (car il était alors porté en guise de collier et non de bracelet) était fabriqué avec un ruban de soie blanc sur lequel on pouvait lire des lettres brodées en fil d’or ou d’argent. Certains y accrochaient un petit pendentif pour signifier que leur vœu a été exaucé. Il pouvait s’agir de croix, d’une image sainte …

Pendant une vingtaine d’années, la tradition du collier de soie a été conservée pour ensuite retomber dans l’oubli. Ce n’est que vers la première moitié du 20e siècle qu’elle apparut de nouveau grâce aux hippies.

Le fitas de Nosso Senhor do Bonfim sous l’influence hippie

Le fitas de Nosso Senhor do Bonfim sous l’influence hippie

Vers la fin des années 60, les hippies ont ressorti le ruban en soie des oubliettes. Au lieu de le porter autour du cou, ils ont préféré le nouer autour de leurs poignets. A cette époque, le ruban était surtout considéré comme un porte-bonheur et n’avait plus vraiment de signification religieuse. Le collier, devenu bracelet, devient alors une tendance et diverses couleurs virent le jour avec diverses inscriptions dessus.

Lorsque les adeptes du candomblé le redécouvrent, ils redonnent au ruban leur caractère religieux, mais en l’orientant vers le syncrétisme. Ils le rebaptisent le « ruban miraculeux » et conservent les différentes couleurs attribuées par les hippies. Ils en rajoutent même quelques-unes pour que chaque couleur se réfère à une de leurs divinités. Néanmoins, ils gardent une seule inscription, celle de « LEMBRANÇA DO SENHOR DO BONFIM DA BAHIA ».

Suite à cette réappropriation du bracelet, une véritable industrie a vu le jour à Bahia pour une production massive. Les modèles industriels ne cadraient toutefois pas avec le principe global du bracelet et on est revenu à la production artisanale.

La tradition veut, effectivement, qu’au bout d’un certain temps après avoir porté le bracelet, ce dernier se brise de lui-même. Cela signifie alors que les vœux formulés ont été exaucés et qu’il faut désormais attacher le bracelet sur la grille de fer de l’église. Les Bahianais insistent sur un point : attendre que le bracelet porté se brise de lui-même. Si vous faites exprès de le briser, il génèrera l’effet inverse c’est-à-dire qu’au lieu de vous porter bonheur, le bracelet va vous apporter du malheur.

Superstition ou croyance, à chacun le soin de voir dans ce bracelet coloré une signification précise. Pour les touristes de passage, il est courant d’acheter le bracelet et de l’attacher à la grille avant de repartir même s’il ne s’est pas encore rompu. Certains, quant à eux, préfèrent les emporter avec eux en guise de souvenir.

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A quoi ressemble un lembrança do Senhor do Bonfim da Bahia traditionnel ?

Les bracelets do Senhor do Bonfim da Bahia traditionnelles affichent :

  • Une longueur de 47 cm, contre 38 cm pour les modèles industriels ;
  • Une matière, soit en soie, soit en coton;
  • Une couleur essentiellement blanche avec des lettres dorées, argentées ou colorées.

Toutefois, ces modèles étant plus chers, des imitations colorées ont vu le jour.

Que symbolisent les différentes couleurs du bracelet ?

Que symbolisent les différentes couleurs du bracelet ?

Chaque couleur de bracelet est attribuée à une divinité de la religion afro-brésilienne. Et chaque divinité se réfère à des qualités spécifiques. Il faut alors choisir la couleur de votre lembrança do Senhor do Bonfim da Bahia en fonction des souhaits que vous souhaitez voir se réaliser. Voici les différentes couleurs existantes :

  • Le blanc : le fitinha blanc est attribué au dieu Oxala qui n’est autre que la représentation du Senhor do Bonfim. C’est le dieu de la sagesse et il symbolise la paix.
  • Le rouge : on distingue deux bracelets de couleur rouge. Celui avec des lettres noires se réfère à la déesse Insã, déesse du vent et des tempêtes. Celui avec des lettres blanches se réfère au dieu Xangô, dieu des roches, de la terre et de la force. La couleur rouge est adaptée aux personnes en quête de
  • Le vert : on en distingue également deux. Celui avec des lettres noires se réfère à Oxossi, dieu de la forêt, de la chasse et de l’air. Celui avec des lettres blanches se réfère à Ossaïn, dieu de la médecine, des plantes et également de l’air. Les fitinhas de couleur verte sont portés par ceux qui recherchent la santé.
  • Le bleu : le bleu clair se réfère à Yemanja, déesse de la mer tandis que le bleu foncé, est attribué à Ogum, dieu de la guerre, du fer et des métaux. Le bracelet bleu est conseillé à ceux qui recherchent l’amour.
  • L’orange : le fitinha orange se réfère à la déesse Inhasa, déesse du vent et du feu. Il symbolise le bonheur.
  • Le jaune : le fitinha jaune fait référence à Oxum, déesse de la beauté. Il est porté par les personnes en quête de succès.
  • Le noir : lorsque le bracelet noir arbore des lettres rouges, il se réfère à Exu ou Pomba Gira. C’est le messager des dieux ayant le feu comme élément. Lorsque les lettres sont blanches, le bracelet se réfère à Omulu, dieu des maladies et qui a comme élément la terre. La couleur noire se réfère à la dignité.
  • Le rose : les fitinhas roses font référence à Ibeji et Erês. Ce sont des divinités jumelles qui symbolisent la naissance et la dualité. Les bracelets de couleur rose expriment l’amitié. Les bracelets de couleur multicolore sont associés au rose.
  • Le violet : cette couleur se réfère à Nanã Buruku, la femme d’Oxala et déesse âgée des marais. Elle a la terre et l’eau comme éléments. Parfois, la couleur vire doucement vers le bleu pâle. Les fitinhas violets symbolisent la spiritualité.
  • L’unicolore : on vous l’accorde, ce n’est pas vraiment une couleur, mais il existe des bracelets (principalement vert ou jaune) dont le fond et les lettres sont de même couleur. Ces variétés font référence à Oxumaré, dieu du mouvement ayant l’air et l’eau comme éléments. Elles sont adaptées aux gens qui se déplacent ou voyagent beaucoup.

Si vous avez plusieurs vœux, n’hésitez pas à porter plusieurs couleurs en même temps. Pour certains, ils y accrochent des boutons dorés. Chaque bouton qui se détache fait référence à un vœu exaucé.

Pour information, il existe aussi tout un mur recouvert de Lembranças do Senhor do Bonfim da Bahia à Arraial d’Ajuda, une petite ville bahianaise. Si votre itinéraire au Brésil passe par là, vous pourrez y attacher les bracelets qui vous restent ou bien les conserver soigneusement sur vous.

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