L’Inde et le Brésil ont claqué la porte des négociations à Postdam

 

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L’Inde et le Brésil ont claqué la porte des négociations à Postdam

le-ministre-bresilien-des-affaires-etrang-res-celsbPOTSDAM  – Les quatre grands acteurs de l'OMC (Brésil, Etats-Unis,
Inde, UE) se sont déchirés jeudi autour de la libéralisation des
échanges mondiaux, mettant en péril cinq années et demie de
négociations marquées par un différend Nord-Sud sur l'agriculture.

Le Brésil et l'Inde, représentants du monde en développement à des
tractations organisées à Potsdam, en Allemagne, ont été les premiers à
claquer la porte, trois jours avant la fin prévue des discussions,
accusant leur partenaires occidentaux de vouloir perpétuer les
déséquilibres du commerce mondial.

Le siège de l'OMC à Genève
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"Il était inutile de poursuivre les négociations, compte tenu de ce qui est sur la table", a annoncé le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, lors d'une conférence de presse en compagnie du ministre indien du Commerce, Kamal Nath.

MM. Nath et Amorim ont tout deux expliqué qu'ils quittaient par conséquent Potsdam, où avait débuté mardi une réunion cruciale pour le sort du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 dans la capitale du Qatar sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Occidentaux et pays en développement ont divergé sur les causes de l'échec.

M. Amorim a précisé que l'agriculture avait été une nouvelle fois la responsable du dialogue de sourds avec le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson et la représentante américaine pour le Commerce Susan Schwab.

Depuis 2001, les négociateurs tentent de résoudre une équation quasi-impossible: obtenir des Occidentaux qu'ils réduisent leurs subventions et ouvrent davantage leurs marchés aux produits agricoles en provenance des pays émergents afin que ceux-ci, en retour, abaissent leurs barrières pour les productions industrielles des pays riches.

M. Amorim a expliqué qu'en matière de subventions, Bruxelles et Washington restaient "très au-dessus" des exigences des pays émergents du G20, qui souhaitaient plafonner ces aides à 12 milliards de dollars par an pour les Etats-Unis et à 20 mds pour les Européens.

Au-delà des chiffres, ce que recherchent les pays riches c'est "la perpétuation des inégalités du commerce mondial", a accusé M. Nath. Le cycle de Doha "doit créer des flux commerciaux des pays en développement vers les pays développés et non l'inverse", a-t-il dit.

Mais les Occidentaux, pour une fois unis, ont assuré que c'est le refus de Brasilia et New Delhi de réduire leurs droits de douane sur les produits industriels qui a conduit dans l'impasse.

"Alors qu'en Europe nous sommes prêts à offrir beaucoup, nous ne pouvons le faire en obtenant trois fois rien en retour", a déclaré M. Mandelson. Le commissaire a précisé qu'il aurait été prêt à mettre sa "dernière carte" sur la table en matière agricole, mais qu'il y a renoncé en constatant qu'un tel geste n'aurait suscité aucune concession de ses partenaires.

Les offres en présence n'auraient de toute façon pas "généré de nouveaux échanges" dans le monde, a fait valoir pour sa part Mme Schwab.

L'échec de Potsdam met sérieusement en péril le cycle de Doha, alors que le temps est compté: un accord sur les grandes lignes de la négociation est indispensable dans les prochaines semaines si les 150 pays membres veulent tenir leur engagement de boucler les travaux fin 2007. Au-delà, les discussions risquent d'être figées pour longtemps du fait de l'élection présidentielle américaine de 2008.

Mais tous les protagonistes ont voulu croire que Doha n'était pas mort.

A Washington, le président américain George W. Bush s'est dit "déçu", mais déterminé à mener à bien le cycle de Doha.

Depuis Genève, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy a estimé que l'échec de la réunion de Postdam, à laquelle il n'a pas participé, ne signifiait pas la fin du cycle.

Un mécanisme de négociation parallèle à celui du G4 se poursuit à Genève avec tous les pays membres de l'OMC, a-t-il souligné. Mais on voyait mal comment obtenir un compromis entre 150 Etats là où quatre d'entre eux n'ont pu se mettre d'accord.

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